Il faut, d’ailleurs, distinguer les genres : le Médecin malgré lui, Pourceaugnac, les Fourberies de Scapin, etc, ne peuvent entrer en parallèle avec le Misanthrope, le Tartuffe, les Femmes Savantes, etc ; mais plus d’un trait, dans ces première productions, décèle le génie qui enfanta les secondes. […] Il l’avait fait pour Madame de Nemours, et il était allé le montrer à Mademoiselle24, Princesse qui se plaisait à ces sortes de petits ouvrages ; et qui, d’ailleurs, considérait fort l’Abbé Cotin*, jusques-là même, qu’elle l’honorait du nom de son ami. […] Voilà ce qu’ils ont prétendu, en exposant sur le Théâtre et à la risée publique un hypocrite imaginaire, et tournant dans sa personne les choses les plus saintes en ridicule ; en lui faisant blâmer les scandales du siècle d’un manière extravagante ; le représentant consciencieux jusqu’à la délicatesse et au scrupule sur des points moins importants, pendant qu’il se portait d’ailleurs aux crimes les plus énormes ; le montrant sous un visage de Pénitent, qui ne servait qu’à couvrir ses infamies ; et lui donnant selon leurs caprices, un caractère de piété le plus austère ; mais, dans le fond, le plus mercenaire et le plus lâche » Tome II, p. 207-208 La Bruyère, en traçant le caractère du Faux Dévot dans son Chapitre De la Mode, a eu le dessein de critiquer le Tartuffe : nous ne mettrons sous les yeux du Lecteur, que les traits qui frappent ouvertement sur cet ouvrage : « Onuphre119 ne dit point ma haine et ma discipline : au contraire ; il passerait pour ce qu’il est, pour un hypocrite ; et il veut passer pour ce qu’il n’est pas, un homme dévot. […] Il faut, d’ailleurs, distinguer les genres : le Médecin malgré lui, Pourceaugnac, les Fourberies de Scapin, etc, ne peuvent entrer en parallèle avec le Misanthrope, le Tartuffe, les Femmes Savantes, etc ; mais plus d’un trait, dans ces premières productions, décèle le génie qui enfanta les secondes. […] D’ailleurs il observait les manières et les mœurs, et trouvait le moyen ensuite d’en faire des applications admirables dans ses Comédies, où l’on peut dire qu’il a joué tout le monde, puisqu´il s’y est joué le premier en plusieurs endroit, sur ce qui se passait dans sa propre famille.