/ 140
15. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

ce fut un jour glorieux pour le pays que celui où le premier corps littéraire de l’Europe, une assemblée d’hommes également illustres par la vertu et par le génie, après une étude consciencieuse de la vie et des ouvrages de Molière, vint dire à la France : cet homme qu’on abreuva de mépris, cet homme dont on outragea les cendres, nous appelons sur lui la reconnaissance du monde et nous proclamons son éloge. […] … Il venait d’expirer, Lorsqu’au pied de sa couche une femme éperdue Accourt, se précipite, et, tombant étendue Près de ce corps sans vie, elle fait retentir Des sanglots où se mêle un tardif repentir ; Puis, à côté des sœurs se mettant en prière, Elle pleure à genoux celui qui fut Molière ! […] Mais tandis qu’au dehors ces cris retentissaient, Près du corps de Molière en larmes se pressaient Ses amis accourus, sa troupe désolée Par qui sa noble vie est alors rappelée, Qui redit ses bienfaits et pleure, en révélant La bonté de son cœur égale à son talent ; Quelques vieux serviteurs, et les pauvres encore Qui recevaient de lui des secours qu’on ignore. […] Assurément une souscription destinée à élever la statue de Molière n’aurait pas moins de succès dans Paris ; les corps littéraires et les théâtres s’empresseraient de s’inscrire collectivement ; les auteurs et les acteurs apporteraient leurs offrandes individuelles. […] L’enterrement fut fait par deux prêtres qui accompagnèrent le corps sans chanter.

/ 140