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127. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Pour moi, j’en ai souffert la gêne sur mon corps ; Malgré le froid je sue encor de mes efforts : Attaché dessus vous, comme un joueur de boule Après le mouvement de la sienne qui roule, Je pensais retenir toutes vos actions, En faisant de mon corps mille contorsions. […] Ce qu’il a poursuivi chez les médecins, comme chez tant d’autres, c’est l’affectation, le charlatanisme, la gravité, « ce mystère du corps, comme a dit La Rochefoucauld, inventée pour cacher les défauts de l’esprit », l’absence de franchise et de naturel. […] C’est précisément pour cela que son frère, en bon dialecticien, combattant sa passion par sa passion même, lui représente qu’en se droguant comme il fait, il risque d’abréger ses jours : Une grande marque que vous vous portez bien et que vous avez un corps parfaitement bien composé, c’est qu’avec tous les soins que vous avez pris, vous n’avez pu parvenir encore à gâter la bonté de votre tempérament et que vous n’êtes point crevé de toutes les médecines qu’on vous a fait prendre […] Si vous n’y prenez garde, Monsieur Purgon prendra tant de soin de vous, qu’il vous enverra en l’autre monde . […] S’il y a des Argan de leur corps, il y a aussi des Argan de leur âme.

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