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117. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Son corps s’y fatigue, mais son cœur s’y relève, son esprit s’y mûrit. […] Ainsi, malade lui-même d’âme et de corps, souffrant, de plus, de toutes les misères que l’inaction allait faire endurer à ceux dont il était moins le chef que le père et l’ami, voilà Molière, à l’heure du Misanthrope. […] Boileau offensait Dieu, en attaquant Cotin ; Molière commet une impiété pareille, en ne respectant pas le docte corps : « Il ne devait pas, dit sérieusement Perrault, tourner en ridicule les bons médecins, que l’Écriture nous enjoint d’honorer. » On scrute sa vie jusque dans ses origines, et de ce qu’il est né dans le quartier des fripiers juifs, on va jusqu’à donner à croire qu’il est juif lui-même. […] Le régime auquel il s’était mis, et qui l’obligea de ne plus boire que du lait pendant le reste de sa vie, avait rendu quelque force à son corps, brûlé de fatigues ; mais une bonne nouvelle avait bien mieux encore redonné a son esprit le courage et la sérénité : le roi venait de permettre la représentation du Tartuffe. […] Ils versent leur fiel brutal sur chaque plaie de son corps, sur chaque blessure de son âme.

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