Mais c’était un si admirable Jocrisse, il était si naïf, si malheureux, si étonné ; il était toujours si nouveau, il se mêlait avec tant de bonheur aux plus terribles événements politiques de son temps, il avait des formules si heureuses et si nettes, pour juger les hommes et les choses ; il remplaçait si bien la liberté de la presse dont il était le seul et le courageux représentant, qu’il était impossible, même aux esprits les plus distingués, de ne pas se plaire à ces saillies toujours renouvelées, souvent burlesques, quelquefois éloquentes, à cette malice sans fiel, à cette grâce sans art ; facile et fugitive conversation d’un bouffon qu’on aime, et qui parle d’autant plus volontiers avec son auditoire, qu’il l’amuse gratis aux bagatelles de la porte.