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77. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Il est bon d’essayer ses forces, à condition que l’essai ne durera pas trop longtemps. […] Ces quatre vers sont revenus bien souvent à mon souvenir ; ils expriment à merveille et d’une façon très poétique ce besoin de vivre un moment, chaque matin, même à la condition certaine de mourir éternellement chaque soir. —  Quæ lucis miseris tam dira cupido ? […] « Il faut d’abord séparer la tragédie d’avec la comédie, a dit un maître ; l’une représente les grands événements qui excitent les violentes passions, l’autre se borne à représenter les hommes dans une condition privée, ainsi elle doit prendre un ton moins haut que la tragédie. » — Il ajoute, et cette louange a bien son prix dans cette bouche éloquente. […] En vain il hésite, il se défend, il a peur d’entendre parler longuement de Tartuffe et du Misanthrope, d’Athalie ou de Rodogune, il faut cependant qu’il obéisse et qu’il vous suive, à condition, et même à la condition expresse que vous serez nouveau dans votre étude sur les œuvres antiques, et que vous n’irez pas ramasser les vieilleries des vieux cours de rhétorique. […] Les gens qui se vantent d’écrire sans peine, et qui se félicitent de ce style naturel, ne voient pas qu’il n’y a guère de quoi se vanter, comme on dit, et que ce beau style si peu coûteux, leur arrive de ce qu’ils ignorent absolument les rares et difficiles conditions de l’art et du talent ; ils sont naturellement et très naturellement absurdes, vulgaires, plats, ennuyeux et ennuyés.

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