Toute superstition, j’y consens, est respectable, et même je reconnais qu’il y en a de touchantes ; à la condition cependant de ne nuire à personne, et moins qu’à tout autre, sans doute, au saint ou au dieu qu’on prétend honorer. […] Les classiques savent, en outre, la raison de cette fécondité littéraire d’un sujet : c’est que dans la réalité un même sujet se répète à l’infini, et se transforme indéfiniment, à chaque fois que change la condition des personnes dont les aventures le reproduisent. Et puis, il change en quelque sorte de sens à mesure qu’il est vécu par un plus grand nombre de générations : on s’aperçoit peu à peu qu’il y a là quelque chose d’inhérent à la nature humaine ; et du même coup, qu’un simple changement de condition ou de caractère selon les temps ou selon les lieux peut rendre le sujet entièrement nouveau. […] Bourgeois de Paris, Molière parle comme aux Halles ou au Palais, non comme à Port-Royal ou à la Cour ; car il est avant tout de sa condition, et il l’est demeuré jusqu’au bout. […] Caractérisés comme sont ces personnages, c’est à eux, c’est à leur condition, il leur situation qu’on demande la raison des bizarreries, et en tout cas de la variété « inorganique » du style de Molière.