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152. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VII. » pp. 125-143

J’oyois un de ces jours la Messe à deux genoux, Faisant mainte oraison, l’œil au Ciel, les mains jointes, Le cœur ouvert aux pleurs & tout percé de pointes Qu’un dévot repentir élançoit dedans moi, Tremblant des peurs d’enfer, & tout brûlant de foi : Quand un jeune frisé, relevé de moustache, De galoche, de botte & d’un ample panache, Me vint prendre, & me dit, pensant dire un bon mot : Pour un poete du temps vous êtes trop dévot ! […] Et moi qui cependant n’étois de la partie, J’esquive doucement, & m’en vais à grands pas, La queue en loup qui fuit, & les yeux contre bas, Le cœur sautant de joie, & triste d’apparence. […] Là-dessus de la piece il m’a fait un sommaire, Scene à scene averti de ce qui s’alloit faire ; Et jusques à des vers qu’il en savoit par cœur, Il me les récitoit tout haut avant l’acteur.

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