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167. (1881) La philosophie de Molière (Revue des deux mondes) pp. 323-362

Il ne faut pas y chercher des éditions usuelles, portatives, faites uniquement pour la lecture : ce sont des éditions savantes et définitives, destinées surtout à la recherche et à l’érudition. […] En voulant faire face à la fois et aux libertins, dont Molière était le soi-disant interprète, et aux jansénistes, qui étaient placés à un point de vue tout opposé et qui étaient aussi ennemis de Molière que les jésuites eux-mêmes, Bourdaloue risquait d’affaiblir l’effet cherché. […] Si vous n’aviez jamais eu cette pensée, votre Festin de Pierre ne serait pas si criminel… L’esprit de vengeance ne ferait pas chercher dans vos ouvrages des choses qui n’y sont pas. » Cette fois, Molière ne se soucia pas beaucoup de l’attaque ; il ne mit pas la plume à la main pour se défendre comme il l’avait fait pour L’École des femmes et pour Tartuffe lui-même : il laissa ce soin à des amis. […] Arsinoé, c’est encore la femme du monde, qui a été jeune et qui ne l’est plus, qui n’est arrivée à l’austérité que par le dépit, qui envie chez les autres les succès qu’elle n’a plus, qui cherche à se venger par les traits aiguisés d’une censure hypocrite, mais qui trouve trop forte partie, car la méchanceté elle-même a besoin de grâce et de jeunesse, et l’orgueil de la vie ajoute à l’esprit un éclat triomphant que la malice pure ne saurait trouver.

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