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116. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Le projet était sérieux, si sérieux, qu’ils s’établirent à grand bruit dans le jeu de paume de la Croix-Blanche au faubourg Saint-Germain, où les voilà jouant, tant bien que mal, les chefs-d’œuvre du temps. […] Malgré ces embarras et ces souffrances, nous l’avons vu donner coup sur coup des chefs-d’œuvre, pour suivre de front, et le Misanthrope, et Tartuffe, et le Festin de Pierre; cependant ses comédiens se plaignaient: il les laissait languir, disaient-ils; sans cesse ils lui reprochaient sa lenteur à produire. […] À cette gaîté si franche et si française, qui, chaque soir, venait égayer les esprits rendus sérieux par le Misanthrope, les applaudissements éclatèrent, et l’on ne pouvait point se lasser de deux chefs-d’œuvre si différents. […] Malade, mourant presque, mais chargé par le roi d’une comédie pour ses divertissements de Chambord, le voici qui écrit, dans sa solitude d’Auteuil, le Bourgeois gentilhomme, un de ses plus admirables chefs-d’œuvre, et assurément la plus mêlée, la plus tumultueuse de toutes ses comédies.

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