Voilà, certes, sur le compte de deux figures typiques qui nous sont chères, des réserves assez imprévues, et qui vont faire bondir d’indignation quelque dévot commentateur des chefs-d’œuvre où elles paraissent. […] À trente-neuf ans, il fait Les Précieuses ridicules ; c’est à trente-neuf ans qu’il fait ce chef-d’œuvre ; et voyez combien il doit courir longtemps après la réputation : il y avait alors à la cour un gazetier, qui faisait métier de courir après toutes les singularités, l’homme du temps le mieux informé, à l’affût de toutes les gloires nouvelles. […] Prenez, par exemple, La Jalousie du Barbouillé, et George Dandin, c’est le même sujet, c’est la même pièce ; d’un côté, seulement, vous avez un canevas sans art, et de l’autre un chef-d’œuvre ; c’est le même fond, conçu, observé quelque part, je ne sais où, dans le Limousin ou la Gascogne, et qui plus tard deviendra George Dandin. […] Je ne veux pas discuter ici la loi sur la propriété littéraire, je sortirais du domaine qui m’est attribué ; je reste convaincu que s’il y avait eu dans l’ancienne France, sur la propriété littéraire, une jurisprudence analogue à celle qui existe aujourd’hui, il y a dix chefs-d’œuvre dans notre langue que nous n’aurions pas. […] Il la trouvait très difficile à accepter, et notez que c’est, à ne considérer que le style, le chef-d’œuvre de Molière peut-être.