Les scènes n’ont point entre elles de liaison nécessaire ; on peut en changer l’ordre, en supprimer quelques-unes, en substituer d’autres, sans faire tort à l’ouvrage : mais le point essentiel était de soutenir l’attention du spectateur, par la variété des caractères, par la vérité des portraits, et par l’élégance continue du style. […] Il changea donc entièrement cette économie : il donna un gouverneur au prince, et fit de ce valet un bouffon qui depuis longtemps était au service de la princesse. […] Il fait voir qu’il ne suffit pas de traduire un bon original, mais que l’on doit souvent en changer la disposition, et transporter les incidents, sans renverser cependant la forme ; ainsi une fable qui serait bonne dans son premier état peut devenir parfaite dans l’imitation ; de même qu’une fable défectueuse peut être rendue plus ou moins bonne, suivant le génie de celui qui entreprend d’en faire usage. » Lorsque La Princesse d’Élide parut sur le théâtre du Palais-Royal, Loret ne manqua pas d’en parler. […] Ensuite le père prenait une clef, avec laquelle il semblait monter cet instrument par le moyen d’une roue qui faisait un vacarme terrible dans le corps de la machine, comme s’il y avait eu une multiplicité de roues possible et nécessaire pour exécuter ce qu’il lui allait faire jouer ; il la changeait même souvent de place, pour ôter tout soupçon. […] Si les médecins de notre temps ne connaissent pas mieux la nature, ils connaissent mieux le monde, et savent que le grand art d’un médecin est l’art de plaire : Molière peut avoir contribué à leur ôter leur pédanterie, mais les mœurs du siècle qui ont changé en tout y ont contribué davantage.