Plus bas, Sganarelle, touché du chagrin dont il croit son rival pénétré, l’embrasse pour le consoler, lui dit-il ; et la scène finissait assez plaisamment, ce me semble : l’auteur l’avait pensé de même ; il se trompait : un acteur, plus ingénieux que Molière, a finement imaginé que Valère, après avoir reçu l’embrassade de Sganarelle, devait le jeter dans les bras d’Ergaste ; que celui-ci devait, à son tour, embrasser Sganarelle, et le retenir fort longtemps ; et pourquoi ? […] Molière, protégé par son roi, comblé de ses bienfaits, recherché par tout ce qu’il y avait d’hommes de bien à la cour, et par les véritables savants de la ville, généralement estimé pour la droiture de son cœur, la sûreté de son commerce, était cependant dévoré de chagrins, et coulait ses jours dans les amertumes d’un mariage mal assorti. […] Dom Juan et son valet se débattent contre les flots ; la fille d’un pêcheur amène du secours, on les sauve ; dom Juan trouve la jeune fille jolie, lui jure de l’épouser, et l’entraîne dans un bosquet de roseaux, d’où elle sort en criant, au feu, à l’eau ; son âme brûle d’amour et du chagrin d’avoir été déshonorée. […] L’exposition. — Bonne, puisque le héros nous apprend, dans un court monologue, et ses chagrins et leur cause. […] C’est avec peine que nous avons vu Baron abandonner Molière à ses chagrins domestiques ; c’est avec peine que nous avons vu Molière privé du bonheur que lui procurait l’instruction de ce jeune homme ; et ceux de mes lecteurs, pour qui la satisfaction de faire le bien est un besoin, ceux de mes lecteurs pour qui la reconnaissance n’est pas un fardeau, doivent penser combien le père et le fils adoptif souffraient de leur éloignement ; mais leurs cœurs se sont entendus.