Là encore il s’appuie sur une donnée étrangère, mais il puise dans sa propre expérience tous les chagrins, toutes les disputes, tous les orages d’un nouvel amour ; c’est seulement à son retour à Paris, dans la plénitude de l’âge mûr, qu’il se décide à peindre l’homme sur le vif. […] Encore si je pouvais jouir de mes amis aussi souvent que je le souhaiterais, pour m’étourdir sur mes chagrins et sur mon inquiétude ! […] Le chagrin a creusé et miné ces traits mâles et bons. […] Aujourd’hui, celui qui mourait, dévoré de chagrins intimes en même temps que rongé par la maladie, l’homme dont l’humeur songeuse, contemplative, avait été calomniée par des adversaires indignes, Molière « l’hypocondre », est enfin entré de plain-pied dans l’immortalité et domine de toute la hauteur de son front ce grand siècle si rempli de pompes, de fumées, de victoires et de fêtes, et qu’il traversa, l’œil fixé sur la foule parée qui le coudoyait sans toujours le respecter et qui l’applaudissait sans toujours le comprendre. […] Lorsque Molière fut mort, abreuvé de chagrins, la Molière épousa, quatre ans après, le 31 mai 1677, un certain Isaac-François Guérin, sieur d’Estriché ou du Trichet, acteur de la troupe du Marais alors réunie à la troupe du Palais-Royal.