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62. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

. — Son caractère. — Ce qu’il a fait de la fable. — Ses rapports avec Molière. […] La bonté est le fond de son caractère, comme le bon sens est la règle de son esprit ; il aime le vrai, c’est-à-dire la mesure, et il essaye d’y ramener ceux qui l’écoutent en leur présentant sous un aspect plaisant ce qui s’en écarte. […] Il relève de Phèdre et d’Horace, mais il procède aussi de Villon et de Rabelais ; il a rencontré tout ce qu’il y a de plus exquis dans l’Antiquité classique et dans le Moyen Âge, et cela sans trace d’effort, de sorte qu’il reproduit le charme d’une double tradition avec le caractère de la spontanéité. […] L’apologue de La Fontaine tient à l’épopée par le récit, au genre descriptif par les tableaux, au drame par le jeu des personnages et la peinture des caractères, à la poésie gnomique par les préceptes. […] Cette ruse de l’esprit, qui se cache avec le secret désir d’être surpris, tient au caractère de l’auteur, et il ne l’emploie guère que lorsqu’il parle en son propre nom.

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