Les mœurs devraient sans doute, et dans tous les temps, exercer une grande influence sur la comédie, puisque la vraie mission de celle-ci est en partie de les reproduire, et que, quelques modifications heureuses qu’elles puissent recevoir des révolutions ou des progrès du temps, elles ont toujours assez de côtés ridicules, elles offrent toujours assez de prise à la critique pour être justiciables du théâtre. […] Madame Dalainville, de son côté, donne bien l’idée de ces femmes légères et frivoles à qui l’amour du luxe et des plaisirs faisait négliger leurs devoirs les plus essentiels. […] Je roulais vers Bordeaux, où tendait mon voyage : Soudain vient à passer un brillant équipage Qui, par mon phaéton, dans sa course heurté, Aux cris des voyageurs s’abat sur le côté; J’arrête, et vois descendre une femme expirante ; Elle tombe sans force aux bras de sa suivante, L’œil éteint, le front pâle et les cheveux épars. […] Néanmoins, si parmi les grandes comédies en vers il nous fallait assigner le rang que doit occuper L’École des Vieillard, ce n’est point à côté des Deux Gendres ni du Philinte de Molière, ni du Méchant, que nous lui donnerions place. […] Non ; elle excelle sans doute à saisir le côté ridicule des gens, mais avec cela l’on doit reconnaître que son esprit est plein de pénétration et de justesse, et lorsque la brillante coquette dessine avec des traits si caractéristiques tant d’originaux divers, depuis l’orgueilleux Adraste, « tout gonflé de l’amour de lui-même, » jusqu’au grand flandrin de vicomte, qui « passe trois quarts d’heure durant à cracher dans un puits pour faire des ronds,» ses portraits ont un tel air de vérité, que la ressemblance n’en parait pas douteuse ; et l’on voudrait pouvoir lui dire avec Clitandre, mais en toute sincérité et non par galanterie : Pour bien peindre les gens vous êtes admirable.