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216. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Cependant, parmi les divers talents qui sont nécessaires à un poète comique, c’est peut-être celui dont il a le plus de besoin ; il est presque indubitable que la même justesse, le même discernement qui l’assurent qu’il choisit bien son sujet, soit qu’il traduise, ou qu’il imite, ou qu’il invente, l’assureront également du succès. […] Le Docteur dévot et grand usurier a pour ami Pantalon, qui, se trouvant obligé de faire un paiement, et n’ayant point d’argent, prie son ami de lui prêter la somme dont il a besoin ; le Docteur la lui refuse, en lui disant qu’il ne l’a pas, mais promet de la chercher, s’il veut lui laisser en gage sa vaisselle d’argent. […] Il ne tient pas un seul moment l’auditeur en balance, on le connaît d’abord aux marques que je donne ; et d’un bout à l’autre, il ne dit pas un mot, il ne fait pas une action qui ne peigne aux spectateurs le caractère d’un méchant homme, et ne fasse éclater celui du véritable homme de bien, que je lui oppose. » Molière continue sa préface en faisant l’apologie de la comédie en général, et finit ainsi : « [*]Mais, supposé, comme il est vrai, que les exercices de la piété souffrent des intervalles, et que les hommes aient besoin de divertissement, je soutiens qu’on ne leur en peut trouver un qui soit plus innocent que la comédie.

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