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96. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

La plupart, et Fulgence le premier, y ont vu une image de l’union de l’âme et du corps, ou plutôt de l’empire des passions sur l’âme ; d’autres y ont aperçu la peinture de l’homme profane régénéré par son admission aux mystères ; des théosophes, sans s’inquiéter si une fiction du paganisme pouvait se prêter raisonnablement à une interprétation toute chrétienne, y ont reconnu le péché originel effacé par la rédemption ; enfin, un savant danois de nos jours y a découvert un mythe moral, faisant partie de ces mystères (sacra) auxquels les femmes seules étaient initiées, et destiné à être représenté devant elles, sous la forme d’un drame symbolique (symbolica et dramatica representatio), afin de leur rappeler les dangers qui assiègent la beauté, les devoirs que la femme mariée doit accomplir au milieu des difficultés et des épreuves de tout genre, et les récompenses qui sont réservées à celle dont la chasteté et la foi conjugale ne se seront point démenties. […] Enfin, la pantomime, qui est aussi une peinture, mais une peinture animée et vivante, a retracé le triomphe, l’infortune et l’apothéose de la beauté qui enflamma Cupidon d’amour, et Vénus de jalousie5. […] Molière, dont l’esprit, si je puis parler ainsi, assimilait naturellement à sa propre substance tout ce qui se présentait à lui de comique, soit dans les livres, soit dans le monde, avait été frappé des beautés vives et naturelles qu’offrent plusieurs scènes du Phormion, de Térence ; deux scènes originales, perdues dans l’extravagant fatras du Pédant joué, de Cyrano de Bergerac, lui avaient paru mériter d’en être tirées ; et quelques traits heureux d’une comédie de Rotrou, La Sœur, depuis longtemps exilée de la scène, lui avaient inspiré l’envie d’en faire jouir de nouveau le public, en se les appropriant.

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