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184. (1910) Rousseau contre Molière

Tant mieux, c’est ce que je demande, et je serais fâché d’être sage aux yeux des hommes. » Il lui fait dire : « J’aurai le plaisir de perdre mon procès ; je voudrais, m’en coûtât-il grand’chose, pour la beauté du fait, avoir perdu ma cause. » C’est-à-dire je voudrais avoir le plaisir de mépriser mes juges. […] si la beauté de la vertu était l’ouvrage de l’art, il y a longtemps qu’il l’aurait défigurée. » 2° « Quant à moi, dût-on me traiter de méchant encore pour oser soutenir que l’homme est né bon, je le pense et crois l’avoir prouvé : la source de l’intérêt qui nous attache à ce qui est honnête et nous inspire de l’aversion pour le mal est en nous et non dans les pièces. […] Enfin il a fait allusion à Marivaux, très probablement, dans le passage suivant : « Dans cette décadence du théâtre, on se voit contraint d’y substituer aux véritables beautés éclipsées de petits agréments capables d’en imposer à la multitude. […] Et il a raison : jamais l’homme n’est plus ridicule que quand il y a discordance entre la beauté de ce qu’il rêve et la maladresse des gestes qu’il fait pour s’y hausser. […] … » Seulement La Bruyère dénonce comme cause véritable de l’ignorance des femmes leurs défauts naturels : « Paresse de leur esprit, soin de leur beauté, légèreté d’intelligence, éloignement des choses pénibles et sérieuses ; curiosité toute différente de celle qui contente l’esprit », etc. ; tandis que Rousseau donne comme cause de leur ignorance la connaissance de leurs véritables intérêts et assure tout de suite qu’elles ont bien raison de rester ignorantes.

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