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145. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Moi, j’aime, dit-il, À pourchasser des beautés mitoyennes. […] Mais si l’on ne rencontre pas dans les autres ouvrages de Regnard la peinture de mœurs et les éminentes beautés que renferme Le Joueur et qui rendent cette pièce la plus digne d’être placée après celles de Molière, on est certain du moins d’y trouver toujours un inépuisable fonds de saillies, de traits comiques, de réparties inattendues, et le mérite si rare d’une versification chaleureuse, libre, originale et poétique : qualités précieuses qui justifient pleinement le haut rang que cet auteur occupe dans notre littérature. […] Les plus fières beautés n’ont jamais dans l’Asie D’un aiguillon plus vif piqué ma fantaisie ; Mes regards attachés sur ses yeux languissants Commençaient à parler du trouble de mes sens. […] Néanmoins, au dénoûment, lorsqu’Alceste, après avoir rompu sans retour avec Célimène, lui dit : Madame, cent attraits ornent votre beauté, Et je n’ai vu qu’en vous de la sincérité ; De vous depuis longtemps je fais un cas extrême : Mais laissez-moi toujours vous estimer de même. […] Croyez-vous, par exemple, que celui qui aimerait, moins pour la beauté de la figure que pour les autres beautés de l’âme, ne serait pas plus scrupuleux et plus susceptible dans sa jalousie s’il avait à soupçonner sa maîtresse de quelque infidélité, et qu’il se contenterait de lui dire, après les vaines défaites dont elle l’aurait payé : Ah !

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