Mais, comparativement aux autres pièces de la même époque, L’Étourdi était un chef-d’œuvre ; et, s’il occupe aujourd’hui un rang inférieur parmi tant de beaux ouvrages dont notre scène est enrichie, c’est à Molière lui-même qu’il le faut attribuer ; c’est Molière qui, en créant la véritable comédie de caractère et de mœurs, et, en la portant à sa perfection, a, pour ainsi dire, repoussé à une grande distance les chefs-d’œuvre mêmes de la comédie d’intrigue, et assuré par là une supériorité incontestable à notre théâtre sur celui de toutes les autres nations. […] Deux frères, d’Ouville et Boisrobert, l’y avaient montré, l’un dans sa comédie d’Aimer sans savoir, qui fut jouée en 1645, l’autre dans La Belle invisible, représentée en 1656 ; mais tous deux, soit qu’ils eussent puisé dans le Secchi ou dans quelque autre source, n’avaient pris que l’idée principale qu’ils avaient employée au gré de leur imagination.