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20. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE VIII. Le Mariage. » pp. 145-165

Est-ce par nécessité de comédie, et pour fournir un dénouement que tous ces beaux amours aboutissent au mariage496 ? […] Cet enseignement, qui devient sérieux presque jusqu’au tragique, se retrouve tout comique, mais non moins formel, dans le dévouement de Mme Jourdain pour son fou de mari515 ; et certes c’est elle, si peu gracieuse qu’elle soit, qui a le beau rôle, quand elle dit à la belle marquise Dorimène, qu’elle trouve en partie fine chez son mari : « Pour une grande dame, cela n’est ni beau ni honnête à vous, de mettre de la dissension dans un ménage, et de souffrir que mon mari soit amoureux de vous516. »   Il n’y a pas à hésiter sur l’opinion ni sur l’influence de Molière en fait de mariage : le mariage est une chose sainte à laquelle sont obligés les honnêtes gens qui s’aiment ; c’est un lien honnête : — Mais doux ?  […] Oui, au début, comme dit le bonhomme Anselme, qui est positifs et qui, en vrai négociant, trouve qu’il n’y a pas de mariage raisonnable sans argent : Quand on ne prend en dot que la seule beauté, Le remords est bien près de la solennité ; Et la plus belle femme a très-peu de défense • Contre cette tiédeur qui suit la jouissance. […] Les escapades des maris sont traitées comme elles le méritent dans le tableau comique des amours du Bourgeois gentilhomme pour sa belle marquise ; et le Tartuffe restera toujours la peinture la plus crûment vraie, c’est-à-dire la condamnation la plus absolue de l’adultère. […] Ce qu’on y veut, c’en est le mal ; ce qu’on y appelle les belles passions, sont la honte de la nature raisonnable ; l’empire d’une fragile et fausse beauté, et cette tyrannie, qu’on y étale sous les plus belles couleurs, flatte la vanité d’un sexe, dégrade la dignité de l’autre, et asservit l’un et l’autre au règne des sens (chap.

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