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98. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

« Le même auteur, voyant Moliere au tombeau dépouillé de tous les ornemens extérieurs dont l’éclat avoit ébloüi les meilleurs yeux, durant qu’il paroissoit lui-même sur son théâtre, remarqua plus facilement ce qui avoit tant imposé au monde, c’est-à-dire ce caractère aisé et naturel, mais un peu trop populaire, trop bas, trop plaisant et trop bouffon‌ 23. » Au reste, quelque capable que fût Moliere, M- Baillet assure qu’il « ne savoit pas même son théâtre tout entier, et qu’il n’y a que l’amour du peuple qui ait pû le faire absoudre d’une infinité de fautes. […] Si d’un noble enjouement il tomboit quelquefois dans un bas comique, c’est qu’il avoit beaucoup plus d’ignorans que de gens d’esprit et de sçavoir à ménager, et que les grands profits qu’il tiroit des premiers le consoloient des censures des autres. […] Sa femme étoit aussi comédienne ; elle étoit belle et bien faite, et dansoit très-bien ; elle brilloit aux ballets du Roy dans les danses hautes ; elle faisoit certaines caprioles remarquables, car on voyoit ses jambes et partie de ses cuisses par le moyen de sa jupe fendue des deux cotés, avec des bas de soye, attachés au haut d’une petite culotte.

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