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137. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Ce fut alors qu’il changea de nom pour prendre celui de Molière ; peut-être crut-il devoir cet égard à ses parents, peut-être aussi ne fit-il que suivre l’exemple des premiers acteurs de l’Hôtel de Bourgogne, qui avaient au théâtre des noms particuliers, tant pour les rôles sérieux que pour les rôles du bas comique*. […] Aussi divertissant qu’Aristophane, et quelquefois aussi peu difficile que lui sur le choix de son jeu : aussi enjoué que Plaute, et quelquefois tombant comme lui dans des bouffonneries basses, connaissant aussi bien les hommes que Térence, et représentant comme lui des amours impudiques. » Les auteurs du Journal littéraire 1, en rapportant ce passage du discours du père Porée, ajoutent très judicieusement ; « Qu’ils auraient souhaité que ce savant jésuite eût fait deux choses : la première, qu’en censurant nos poètes comiques, il eût insinué, qu’ils ont pourtant ménagé beaucoup mieux la chasteté que ceux qui les ont précédés, et que les comiques des autres peuples. […] Maintes cascades y jouaient, Qui de tous côtés l’égayaient, Et pour en gros ne rien omettre, Dans les limites d’une lettre, En ce beau rendez-vous des jeux, Un théâtre auguste et pompeux, D’une manière singulière, S’y voyait dressé par Molière, Le Môme cher et glorieux, Du bas Olympe de nos dieux. […] Ainsi le public, accoutumé depuis longtemps à un comique grossier ou gigantesque, qui l’entretenait d’aventures basses ou romanesques, et qui ne faisait paraître sur la scène que des plaisants barbouillés et grotesques, fut surpris d’y voir une Muse qui, sans mettre des masques à grimace sur le visage de ses acteurs, ne laissait pas d’en faire des personnages de comédie excellents.

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