L’origine de cette petite société nous a semblé mériter d’être éclaircie : ce fut là que débutèrent deux des plus parfaits acteurs du théâtre français, Baron et Raisin le cadet ; le premier si admirable dans les premiers rôles tragiques, et ceux du haut comique, et le second, si supérieur dans tous les emplois comiques et à manteau. […] La pièce dont je parle ici, Laquelle a fort bien réussi, Est un sujet noble et splendide, Et c’est La Princesse d’Élide, Qu’elle se nomme proprement, Vous assurant avec serment, Que l’actrice au joli visage*, Qui joue icelui personnage, Le représente au gré de tous, D’un air si charmant et si doux Que la feue aimable Baronne, Actrice si belle et si bonne, Et qui plaisait tant à nos yeux, Jadis ne l’aurait pas fait mieux. […] Ce fut dans cette même troupe que le fameux Baron, mort en 1719, débuta. […] Le premier jour fut plus heureux qu’elle ne se l’était promis ; mais ceux qui avaient entendu le petit Baron en parlèrent si avantageusement que le second jour qu’il parut sur le théâtre, le lieu était si rempli que la veuve Raisin fit plus de mille écus. » La fin de ce récit de Grimarest est assez conforme à celui de Robinet dans sa lettre en vers ; car voici ce qu’il dit de cette petite troupe : Lettre en vers de Robinet, du 22 février 1666. […] Surtout le fils de la Baronne, Actrice si belle, et si bonne, Dont la Parque a fait son butin, A comme elle le beau destin, De charmer chacun sur la scène, Quoiqu’il n’ait que douze ans à peine, Et certes, il sera quelque jour, Fort propre aux rôles de l’amour.