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36. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Il avait un autre ami intime, le physicien Rohault, et à tous deux « il se livrait sans réserve. » Avec les autres, il était « civil et honorable dans toutes ses actions, » dit Chappuzeau, « parfaitement honnête homme, » ajoute La Grange, qui s’y connaissait, « d’une droiture de cœur inviolable, » répète Grimarest, sur le témoignage de Baron. […] On sait par Grimarest, auquel Baron, témoin du fait, l’avait conté, de quelle manière il accueillit ce Mignot, dit Mondorge, qu’il avait eu dans sa troupe provinciale et qui lui arrivait un jour dénué de tout : « Que croyez-vous que je lui doive donner ? » demandait-il à Baron, qui présentait la requête du malheureux. Baron opinant pour quatre pistoles : « Je vais les lui donner pour moi, dit Molière, mais en voilà vingt autres que je lui donnerai pour vous ; je veux qu’il connaisse que c’est à vous qu’il a l’obligation du service que je lui rends. » Aux vingt-quatre pistoles il joignit un très bel habit de théâtre dans l’espoir que « le pauvre homme y trouverait de la ressource pour sa profession ; » et, ce qui vaut mieux encore, « il assaisonna ce présent d’un bon accueil qu’il fit à Mondorge. » Puisqu’il s’agit de Baron, l’on sait avec quel soin il dirigea l’éducation du jeune comédien retiré par lui de chez un montreur de phénomènes. […] disait-il à sa femme et à Baron ; il y a cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que leur journée pour vivre.

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