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148. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Mais comme les hommes dans toutes leurs actions ont un but ou un motif, et que les scènes détachées des fâcheux ne comportent pas par elles-mêmes aucunes des circonstances d’une action humaine, ou de la vie civile, il fallait lier ces scènes à un motif intéressant ; il fallait donc donner à Éraste une affaire qui lui tînt au cœur, ou quelque dessein important qui occupât son esprit ; ainsi, ne s’exposant pas lui-même à rencontrer des fâcheux et ne les écoutant que parce qu’il y est forcé, il aura, dès qu’ils cesseront de l’arrêter, un pressant motif, ou tout au moins une raison plausible de quitter le théâtre, et il ne pourra pas finir la pièce en remerciant, par exemple, le Ciel de ce que personne ne viendra plus l’importuner ; parce qu’alors les fâcheux n’avaient produit aucun effet bien intéressant à l’égard d’Éraste, et par conséquent à l’égard des spectateurs.

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