/ 198
171. (1900) Molière pp. -283

Au bout, on apercevait une petite scène, avec une petite rampe éclairée ; — dans le fond de la scène se dressait un orgue qui laissait supposer qu’on y faisait de la musique ; plus près, au premier plan, une petite table, avec son petit verre d’eau classique, attendait un conférencier. […] Pour en revenir aux patriarches, Caïn n’a pas attendu l’invention du droit d’aînesse pour tuer Abel ; s’il s’est porté à cette extrémité, c’est faute qu’il y eût de ce temps des tribunaux réguliers devant lesquels il pût traîner Abel pour lui demander des dommages-intérêts, et lui faire dire de bonnes injures par un bon avocat, comme cela se pratique chez les peuples civilisés. […] Mais attendez : Rousseau ne recommande pas le bal de tout le monde, mais une espèce particulière de bal, patriotique et patriarcal, présidé par le plus ancien magistrat de la République, qui prend ce jour-là le titre glorieux et la charge de Seigneur commis de la danse. […] Enfin, la vieillesse arrive, il y a d’autres manières de pécher dans la vieillesse que dans l’âge mûr et que dans la jeunesse ; tout cela, vous ne le savez jamais qu’alors qu’il n’est plus temps ; toutes les passions, selon le mot d’un moraliste, tous les vices propres à chaque âge attendent et guettent l’homme, dans les différentes saisons de la vie, comme des voleurs sur un chemin. […] Je ne veux pas prononcer entre les parties ; je ne veux pas pousser plus loin le détail de cette guerre éternelle ; mais si par un miracle la sottise s’amende, si elle fait sur elle-même l’effort le plus prodigieux que l’on puisse attendre d’elle, si elle se résigne jamais à n’être que sotte, ah !

/ 198