/ 115
76. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Toutefois, malgré cette interdiction fâcheuse, un jeune auteur heureusement doué, et qui devait un jour devenir célèbre, Picard, sut trouver encore dans les ridicules et les travers qu’il était permis d’attaquer de quoi défrayer largement le théâtre. […] Quant aux critiques, peut-être un peu sévères, que nous en avons faites, on ne se méprendra pas, nous l’espérons, sur la pensée qui nous les a dictées ; elles ont bien moins pour but, en effet, d’attaquer le talent des auteurs, que de constater les grandes et nombreuses difficultés de l’art. […] Alceste enfin ne pourrait-il être aussi considéré, à certains égards, comme la peinture de ces écrivains acrimonieux, de ces réformateurs téméraires, faux philosophes de tous les temps, qui, rêvant pour l’humanité un bonheur et une perfection chimériques, crient sans cesse à la démoralisation, attaquent tout avec violence, et qui, s’évertuant à ne montrer dans leurs écrits que les mauvais aspects de notre nature, à n’étaler aux yeux que les plaies de la société, jettent surtout le découragement dans les jeunes esprits, et leur inspirent trop souvent, comme on l’a pu voir de nos jours, ce dégoût de la vie, funeste précurseur du suicide ? […] On doit alors composer avec elles, et, comme dans la stratégie militaire, essayer de tourner celles qu’on ne peut attaquer le front, pourvu toutefois que d’autres parties plus importantes du rôle n’en souffrent en rien, auquel cas il vaudrait mieux y renoncer tout à fait. […] « Pourquoi, dit Philinte à son ami, pourquoi montrez-vous pour les gens qu’on vient d’attaquer, Un intérêt si grand ?

/ 115