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74. (1900) Molière pp. -283

Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. […] « La cabale », Molière a prononcé le mot, qu’il n’avait pas prononcé dans Tartuffe, il n’avait fait que s’attaquer à un caractère isolé ; et, là, il dit à la dévotion intrigante et fausse, « tu t’appelles légion ; tu t’appelles cabale !  […] Cent ans ou cent vingt ans après Molière, les philosophes du xviiie  siècle sont venus ; ils ont déjà attaqué le droit d’aînesse, ils l’ont ébranlé ; aussi, la manière de sentir, dans cet ordre d’affection, est-elle tout à fait changée : vous en avez un document précis dans une pièce qui nous présente un frère en même situation que Dom Carlos. […] Molière ne s’est pas seulement attaqué, pour affranchir la famille, aux abus d’une autorité qui du moins était légitime dans son principe, de l’autorité paternelle ; il y a d’autres dangers pour la famille ; il y a ces parasites dominateurs qui s’y introduisent, s’y établissent et l’absorbent. […] Molière ne s’est pas seulement attaqué, dans Tartuffe, à un grand mal social futur, mais il a signalé et attaqué aussi un grand mal domestique présent et particulier à son temps.

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