Ce n’était rien qu’attaquer les courtisans, les médecins, les précieuses, les charlatans et les libertins ; mais les faux dévots ! […] Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement ; mais l’hypocrisie est un vice privilégié qui de sa main ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. […] On ne se contenta point d’attaquer la religion ou la morale du poète, on nia jusqu’à son talent ; on le ravala au niveau des derniers bateleurs ; enfin on l’abreuva de toutes les humiliations et de tous les dégoûts. […] L’écrivain frénétique n’ose attaquer le roi, il commence même par en faire un pompeux éloge. […] Parmi les orateurs sacrés qui condamnèrent le Tartuffe il en est deux des plus illustres qui aient immortalisé la chaire chrétienne ; Bourdaloue et Bossuet ont attaqué ce chef-d’œuvre, l’un avec une sorte de modération, mais par des arguments plus spécieux que solides, l’autre avec un fougueux emportement qui annonce plutôt la colère de l’orgueil que les alarmes de la piété.