Félicitons cependant Molière d’avoir rendu Célie plus intéressante qu’Eleonora ; c’est de l’aveu de son père qu’elle s’est attachée à Lélie, et cet aveu l’autorise à refuser le nouvel époux qu’on veut lui donner : félicitons aussi Molière d’avoir préparé la jalousie de la femme de Sganarelle, en lui faisant surprendre son mari passant la main sur la gorge de Célie, pour voir si elle respire encore. […] Arnolphe est goguenard ; il aime à plaisanter les époux maltraités, et craint pour lui le mépris qu’il attache à leur disgrâce ; il est dévoré de jalousie, et il est forcé de paraître écouter avec satisfaction le rival qui, sans lui donner le temps de respirer, vient à chaque instant lui raconter ses succès. […] Tant de bons procédés auraient dû attacher pour toujours l’auteur des Frères ennemis à Molière ; et l’acteur, dont celui-ci va former les mœurs et les talents, n’aurait pu que rendre cette union plus durable, plus utile. […] Secondement, est-ce lorsqu’un exploit jette une famille dans la plus grande désolation, qu’une soubrette, attachée à ses maîtres, doit plaisanter avec l’huissier qui le signifie ? […] Il est certain qu’il existe dans cette commune un grand fauteuil de bois, auquel une tradition a conservé le nom de fauteuil de Molière ; sa forme atteste son antiquité ; l’espèce de vénération attachée à son nom l’a suivi chez les divers propriétaires qui en ont fait l’acquisition ; il est en ce moment chez le citoyen Astruc, officier de santé de cette commune.