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148. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Obligées de soutenir les travers ou les vices du dernier valet qui porte leurs livrées, elles sont forcément intolérantes : aussi les temps des troubles civils sont-ils les plus funestes pour l’art de la comédie. […] Louis, brillant de jeunesse, commençait à déployer cette royale magnificence au sein de laquelle il aimait à se montrer ; tous les arts et tous les plaisirs accouraient à sa voix, et Versailles éblouissait la France de la magie de ses fêtes et de l’éclat de ses merveilles. […] « La profession d’hypocrite a de merveilleux avantages ; c’est un art de qui l’imposture est toujours respectée, et, quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. […] On sait que dans ce pays le personnage obligé de toute grande maison est l’abbé, qui n’a des ministres de l’Évangile que le costume, et qui a tellement l’art de se rendre nécessaire qu’il est bientôt l’intendant du logis, le directeur de la femme et l’ami du maître de la maison. […] Non, ce n’est point Molière qui a introduit dans la comédie la licence et le libertinage ; c’est au contraire lui qui, en peignant les ridicules du les travers des hommes, les a forcés à rougir d’eux-mêmes ; c’est lui qui a épuré à la fois l’art et les mœurs, qui a fait d’un divertissement une leçon, et du théâtre une école de morale.

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