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113. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

Dans le Joueur de Regnard, Toutabas, maître de trictrac, veut donner leçon à Géronte qu’il prend pour Valere, lui vante les avantages de son art, & finit par dire : Vous plairoit-il de m’avancer le mois ? Ce trait seul vaut toute la scene, parcequ’il peint le peu de valeur de l’art par la misere de celui qui le montre. […] Mais Regnard pillant Moliere le maître de son art, quand il est à peine dans le tombeau ; Regnard voulant s’approprier les traits frappants des chefs-d’œuvre qu’on représente journellement, & qu’on représentera toujours, à moins que le goût ne retombe tout-à-fait dans la barbarie ; Regnard, dis-je, s’exposant à être comparé tous les jours à Moliere, me paroît ou bien inconséquent ou bien présomptueux. Peut-être même pourrions-nous l’accuser de plagiat, puisqu’on reconnoît le plagiaire au soin qu’il prend d’étayer la stérilité de son imagination & de son génie, en transportant dans ses ouvrages les idées des grands maîtres, sans avoir l’art de déguiser ses larcins & de les embellir.

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