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104. (1802) Études sur Molière pp. -355

Le second, moins délicat, ne balance pas à exiger qu’Elvire s’excuse, aucune crainte ne l’arrête ; et cependant son amour n’en est pas moins couronné par le plus tendre aveu, et par la main de son amante : aussi le dénouement de la pièce française est-il moins vraisemblable, moins intéressant que celui de la pièce italienne. […] Deux divinités bien propres à donner des distractions, l’amour et l’hymen, avaient sans doute arrêté Molière dans sa course rapide. […] Elle mit le comble à la jalousie des auteurs, et surtout à celle des comédiens de l’Hôtel de Bourgogne ; les grands seigneurs prirent parti contre Molière, pour les uns et les autres ; et croyant n’être que leurs protecteurs, ils se montrèrent publiquement leurs complaisants, tant ils firent d’efforts pour arrêter le succès de la pièce nouvelle. […] Or, Tartuffe a calomnié son bienfaiteur auprès du roi ; il pousse l’infamie jusqu’à conduire l’exempt qui doit arrêter Orgon ; ce monstre a réduit au désespoir toute une famille, dont les cœurs sensibles partagent les alarmes : mais l’exempt parle ; soudain le crime est puni, la vertu récompensée, et le spectateur satisfait55. […] Lorsque la pièce fut arrêtée par le premier président, le roi était dans son camp devant Lille en Flandres ; Molière lui adressa un nouveau placet : La Grange et La Thorillière furent chargés de le lui présenter58.

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