C’est pour cela que Molière a eu sur ce point un approbateur et auxiliaire, Fénelon, et un adversaire, Rousseau : Fénelon, persuadé qu’on ne saurait trop élever les femmes, Rousseau, toujours rêvant de l’excellence de l’état de nature, convaincu qu’il ne faut rien leur apprendre. […] Celle où Sganarelle écoute et entend sans être vu les propos de Dorimène à Lycaste et apprend avec une parfaite précision le sort qui lui est réservé dans son ménage par son honnête fiancée, prête à un jeu de scène aussi divertissant que possible. […] Encore un coup, compère, apprenez qu’en effet Le cocuage n’est que ce que l’on le fait ; Qu’on peut le souhaiter pour de certaines causes, Et qu’il a ses plaisirs comme les autres choses. […] La comédie centrale, pour ainsi dire, la comédie essentielle, c’est la comédie qui se moque des défauts des honnêtes gens pour les mettre en garde contre les coquins qui exploitent ces défauts et qui ne peint les coquins que comme « instrument » du comique dirigé contre les honnêtes gens et pour que ceux-ci, s’il est possible, apprennent à se défier des coquins ; et donc les défauts des honnêtes gens sont bien « le sujet » du poème comique. […] Elle est intellectuelle, elle est littéraire en ce qu’elle a l’âme la plus livresque qui se puisse, une âme de cabinet de lecture, et quand elle sera tout à fait vieille, die écrira ses mémoires où l’univers apprendra qu’il a été amoureux d’elle pendant un demi-siècle et qu’elle l’a désespéré par les escarpements de sa vertu.