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47. (1802) Études sur Molière pp. -355

Pocquelin accompagne Louis XIII à Paris, à Narbonne, dans les camps ; partout il voit l’intérêt prendre les masques variés du courtisan ; son œil philosophique perce à travers, et ce qu’il aperçoit, ou ce qu’il devine, loin de lui faire perdre le goût de la comédie, sert à le ranimer journellement. […] comment Sganarelle aurait-il pu ne pas s’apercevoir qu’on lui faisait le mensonge le plus gauche ? […] Il y a grande apparence que notre comique a pris l’idée de sa pièce, de sa première scène surtout, dans une satire d’Horace ; et qu’un canevas italien, intitulé Gli interompimenti di Pantalone, lui a fait imaginer son intrigue ; donnons un aperçu de l’un et de l’autre. […] Dom Juan, instruit que dom Octave doit passer la nuit avec la duchesse Isabelle, va prendre la place de l’amant favorisé ; la belle ne s’aperçoit de la tromperie qu’en reconduisant dom Juan, elle appelle ses gens ; il se sauve par la porte du jardin. […] Les décorateurs aussi, ont leur bonne, leur mauvaise tradition : je vois journellement les machinistes laisser sans façon Isidore dans la rue, pendant qu’on la peint ; et les comédiens, les spectateurs, sont assez peu galants pour ne pas s’en apercevoir.

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