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200. (1910) Rousseau contre Molière

Or, vous pensez bien depuis très longtemps que le riche honnête homme, sur qui est lancé le faux billet qui doit le dépouiller, est Philinte lui-même ; que pendant le temps que Philinte a disputé avec Alceste et avec Eliante, le faussaire, qui est un ancien intendant de Philinte, a repris la pièce des mains de l’avocat et l’a donnée à un procureur ; que le procureur arrive chez Philinte et lui fait sommation de payer, sur quoi Philinte s’écrie comme Orgon : « Oh ! […] Molière et ses imitateurs sont « gens qui, tout au plus, raillent quelquefois les vices, sans jamais faire aimer la vertu ; de ces gens, disait un ancien, qui savent bien moucher la lampe ; mais qui n’y mettent jamais d’huile ». […] Les anciens avaient la parabase pour cet office ; il est utile qu’il y ait un personnage qui joue le rôle ingrat et utile de la parabase. […] Chez les anciens, c’était tout le contraire ; les filles avaient, comme je l’ai dit, beaucoup de jeux et de fêtes publiques ; les femmes vivaient retirées. […] Mais la postérité elle-même cherche dans les auteurs anciens ce à quoi elle tient le plus, c’est-à-dire ses défauts encore, et, quand elle les y trouve, elle fait à ces auteurs une grande fortune.

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