La Princesse d’Élide fit l’amusement de la seconde journée ; Les Fâcheux reparurent dans la cinquième ; le soir de la sixième, on essaya les trois premiers actes du Tartuffe ; et le dernier jour, la comédie du Mariage forcé fut représentée, non comme nouveauté, ainsi qu’on l’a prétendu, mais comme ayant amusé la cour quelques mois auparavant. […] Molière, voyant déserter son théâtre dès la troisième représentation du Misanthrope, sentit que le public, accoutumé à courir au spectacle pour s’amuser et non pour s’instruire, n’avait pu saisir les finesses d’une comédie moins propre à exciter la grosse joie qu’à faire sourire l’esprit, et que, sans brusquer son goût, il fallait insensiblement le familiariser avec ce nouveau genre de plaisir. […] Il me semble, d’après cela, qu’Elmire, fidèle à la note de Molière, ne devait pas s’amuser à saisir la main de Tartuffe, à la tenir quelques instants en l’air, et à la reporter gravement sur le genou de l’audacieux, qui cesse de l’être, dès qu’il ne baise point le bras qu’on lui présente si complaisamment. […] Que les jeunes acteurs perdent beaucoup à n’avoir pas vu Du… et Préville jouer ensemble ces deux rôles ; l’écolier et le maître disparaissaient ; le premier, sous la malignité d’un dieu qui s’amuse à lutiner un homme ; et le second, sous l’habit d’un esclave obligé de céder à l’ascendant d’un dieu. […] Faute d’entendre l’italien, ou de s’être fait expliquer ces mots, piglia losu , qui veulent dire, prenez-le vite, il les prononça constamment avec l’air, le ton et l’acharnement d’un homme qui s’amuse à voir battre des dogues, et qui veut les exciter en leur criant avec force, pille, pille ; personne ne s’aperçut de ce trait d’ignorance, on applaudit beaucoup.