Il y avait dans ce rire des grincements de dents, des douleurs infinies, les larmes des filles pleurant sur le sein de leur mère… ce que la fille de Jephté pleurait sur la montagne ; le déshonneur des vieillards, le désespoir des amants. […] Chaque fois que son amant la quitte et l’abandonne, aussitôt elle se réfugie au pied de la croix ; échevelée, pleurante, le sein nu, chargée de deuil, alors encore une fois le roi la trouve belle et revient la disputer aux autels, alors aussi, — tant elle a de peine à briser ces liens si charmants, — elle cède à cette volonté implacable, et elle rentre en pleurant à cette cour témoin de ses larmes… Vain espoir ! […] Le cœur de son amant est desséché pour elle ; alors enfin, elle dit adieu au monde ; elle part… mais cette fois Louis n’ira plus la chercher ; alors il faut que Bossuet s’en mêle ; il faut que l’éloquence chrétienne descende dans l’âme de cette pauvre femme, afin d’en remplir le vide. […] J’avoue que pour ma part ce ballet m’a fort amusé ; on y voit les rivières que l’armée a passées ; le Rhin, ce Rhin qui fut à nous, se repose sur son urne, et rappelle la belle description de Despréaux ; des guerriers se battent en dansant un menuet ; les violons jouent comme ils jouaient encore au temps des frères Francœur ; puis tout à coup le roi arrive, le roi vainqueur, La Vallière (je veux dire mademoiselle de La Vallière) court au-devant de son royal amant ; Louis XIV évite ses regards, sa figure est mécontente ; la pauvre femme revient chez elle et s’évanouit cette fois pour tout de bon, ainsi les deux premiers actes finissent par un évanouissement ; mais quelle différence, grand Dieu ! […] Au dernier acte, Mademoiselle de La Vallière arrive aux sons de la musique, pour prononcer ses vœux ; au pied de la croix, le roi l’arrête, en s’écriant : — « Tu es rendue à l’amour. — Ne m’appelle pas sire ; reviens à ces heures délicieuses où je n’étais que ton amant. — Où tu étais mon oiseau, ma belle fleur, ma violette !