Mais mon goût, ou celui du siecle, ne fait rien à la chose : c’est le caractere des interlocuteurs, & leur situation, qui doivent alonger ou raccourcir les couplets ; &, d’après cette regle, dictée par la raison, je critique ce que la plupart des comédiens, grands amateurs de tirades, parcequ’elles sont toujours applaudies par le grand nombre, ont ajouté après la mort de Moliere à la cinquieme scene du troisieme acte de l’Avare, & qu’on débite hardiment sur le premier Théâtre de l’Europe, qu’on trouve même dans les mauvaises éditions. […] L’on croit avoir ajouté au plaisant, en forçant Harpagon à mettre fort long-temps la main devant la bouche de Maître Jacques pour l’empêcher de parler, & l’on a écarté le bon comique, inséparable de la vraisemblance, pour substituer à sa place la farce la plus plate.