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143. (1882) L’Arnolphe de Molière pp. 1-98

— Ajoutez qu’il est riche ; comment endurer qu’il loge rue Richelieu, qu’il ait des meubles précieux, des lustres, des miroirs, des cabinets, des tableaux et des tapisseries, et que, reçu dans les meilleures compagnies, tout comédien qu’il est, il tranche assez du grand seigneur pour rendre tous les dîners qu’il reçoit ?. […] On peut dire, j’en conviens, que pour être grand, l’honneur n’était pas très rare : et que le fils d’Arlequin aussi fut le filleul de Louis XIV ; on peut ajouter, je ne l’ignore pas non plus, qu’en protégeant Molière, Louis XIV, à qui échappait l’ampleur de son génie, avait en vue surtout l’infatigable inventeur d’intermèdes et de ballets, qui contribuait si admirablement à l’éclat des fêtes de Versailles ; mais quels qu’en fussent les motifs, cette protection du roi couvrant le comédien si venimeusement accusé fait honneur à tous deux : et la postérité ne doit pas trop la chicaner, puisque c’est à elle que nous devons cet éternel bienfait : à savoir, moins de trois mois après, l’apparition du Tartufe (mai 1664). […] Si cela vous paraît trop brutal, ajoutez, comme on fait en France, au devoir essentiel de la femme, qui est de plaire à l’homme, le droit de choisir et d’ajuster les chiffons grâce auxquels elle croira lui plaire davantage. […] Et ce n’est pas, dans sa pensée, d’instruction pure qu’il s’agit, mais d’éducation : c’est-à-dire qu’aux livres il faut ajouter cette grande école, le monde : Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux à mon sens que ne fait aucun livre.

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