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13. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE V. L’Éducation des Femmes. » pp. 83-102

À cette époque, quelques dames, illustres autant par l’esprit que par la naissance, puisèrent dans la société des hommes éminents et lettrés qui les entouraient, un amour de la science, un soin des lettres, un purisme de langage, qui n’étaient certes qu’une qualité de plus ajoutée à tant d’autres dans une marquise de Rambouillet, trônant par la souveraineté du goût, de la beauté et de la conversation, au milieu d’une cour où se pressaient Richelieu, Vaugelas, Racan, Balzac, Voiture, Corneille, Patru, Saint-Evremond, Montausier, où vieillissait Malherbe et débutait Bossuet, entre Julie d’Angennes, Mme de Longueville, Mlle de Coligny, Mme de La Fayette et Mme de Sévigné. […] Molière la poursuivit jusqu’au fond du Limousin, et ajouta un nouveau personnage à tous les précédents, la Comtesse d’Escarbagnas. […] Puis, à cette vérité si simple et si oubliée, Molière joint des préceptes qui fixent avec juste mesure dans quelle limite la femme, l’épouse, la mère devra cultiver son intelligence et acquérir ce que l’instruction lui peut ajouter de mérite et d’agrément. Chrysale dit, dans sa protestation contre le pédantisme féminin : Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, Qu’une femme étudie, et sache tant de choses313 ; et à la délicatesse de cette réflexion dont le vieillard pousse les conséquences trop loin, Clitandre ajoute le dernier mot de la vérité et du bon sens : Je consens qu’une femme ait des clartés de tout. […] Vos devoirs accomplis, ajoutez, si vous voulez, à vos charmes par l’instruction, mais sans devenir jamais une femme pédante ni même une femme savante.

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