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257. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Et cependant se peut-il que le malheureux poète n’ait pas fait un retour sur sa propre situation quand il traçait le portrait de cette jeune coquette au cœur sec, à l’esprit frivole et avide de tous les hommages dont Alceste aperçoit si bien les défauts, et qu’il ne peut s’empêcher d’aimer néanmoins, par un faible dont il est le premier à rougir ? […] Et il ajoutait : « C’est, à mon sens, un bienfait public que de faire aimer Molière à plus de gens. » Goethe a écrit quelque chose d’analogue, lui qui, chaque année, et toujours avec un étonnement nouveau, relisait les principales créations du grand comique français, qu’il appelle un homme unique. […] Vitu en tête d’un volume posthume d’Édouard Fournier, la légende des amours de Molière avec Madeleine, quelles qu’en puissent être les suites, demeure inconciliable avec le respect que nous aimons à professer pour une telle mémoire. […] Le roi, qui n’aimait pas sa cousine, voulut entendre les couplets sur le soupir de Mademoiselle chantés par le musicien lui-même, et le Florentin l’amusa tant par ses bouffonneries que bientôt il fut impossible au monarque de se passer de lui. […] Le Philinte de Fabre, au contraire, est un homme des plus méprisables, qui se montre ouvertement capable de commettre les actions les plus odieuses pour un vil intérêt, et qui était aussi peu digne d’être l’époux de celle qu’il aime que l’ami du misanthrope Alceste. » Voilà qui répond aux détracteurs de Philinte aussi bien qu’aux abstracteurs de quintessence qui subtilisent sur Alceste.

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