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169. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

L’indulgent Philinte qui, sans aimer ni censurer les hommes, souffre leurs défauts, uniquement par la nécessité de vivre avec eux, et par l’impossibilité de les rendre meilleurs, forme un contraste heureux avec le sévère Alceste qui, ne voulant point le prêter à la faiblesse de ces mêmes hommes, les hait et les censure, parce qu’ils sont vicieux. […] À l’égard du parterre, il était accoutumé à une comédie si différente, et qui lui plaisait depuis si longtemps, qu’il aima mieux, comme il arrive tous les jours, blâmer ce qu’il ne connaissait pas, que d’entrer dans le moindre examen. […] Il n’est point soumis, il n’est point languissant ; mais il lui découvre librement les défauts qu’il voit en elle, et lui reproche qu’elle reçoit bien tout l’univers ; et pour douceur il lui dit qu’il voudrait bien ne la pas aimer, et qu’il ne l’aime que pour ses péchés. […] Comme la prude a de l’esprit, et qu’elle n’a choisi ce caractère que pour mieux faire ses affaires, elle tâche par toutes sortes de voies d’attirer le Misanthrope, qu’elle aime : elle le loue, elle parle contre la coquette, lui veut persuader qu’on le trompe, et le mène chez elle pour lui en donner des preuves ; ce qui donne sujet à une partie des choses qui se passent au quatrième acte. […] Dans L’Étourdi, dans L’École des maris, et dans Le Malade imaginaire, des amants qui ne peuvent s’expliquer autrement déclarent tout haut leur passion à l’objet aimé, en présence même des personnes à qui ils ont intérêt de cacher leurs sentiments.

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