Votre affaire ne peut être mise en de meilleures mains, et c’est le héros de notre siècle pour les exploits dont il s’agit ; un homme qui vingt fois en sa vie, pour servir ses amis, a généreusement affronté les galères, et qui est exilé de son pays pour je ne sais combien d’actions honorables qu’il a entreprises. […] Molière avait tellement compris cette vérité, qu’il l’a fait nettement exprimer par Valère dans la phrase suivante : « C’est une chose admirable que tous les grands hommes ont toujours du caprice (le caprice naît de quelque passion qui absorbe momentanément l’esprit), quelque petit grain de folie mêlé à leur science. » LE TARTUFFE Dans la première scène de cette comédie, tous les membres de la famille de dame Pernelle donnent successivement à cette dame d’excellentes raisons pour la désabuser sur le compte de Tartuffe ; mais aveuglée à l’égard de ce personnage, elle n’est point ramenée à la vérité par les considérations sensées qu’on lui a présentées, et elle clôture la discussion par un faux-fuyant qui prouve que, bien qu’elle n’ait rien à répondre, elle reste inébranlable dans la manière de voir que lui imposent ses petites passions : « Tous ces raisonnements ne font rien à l’affaire. » Et, plus loin, elle qualifie de contes bleus les vérités qui se disent sur les agissements de son protégé.