Elle est nouvellement fourbie, On l’intitule Zénobie, Et l’auteur est monsieur Magnon, Honnête homme, bon compagnon, Dont on doit admirer les veilles Et qui fait des vers à merveilles. […] Plaute n’est plus qu’un plat bouffon, Et jamais il ne fit si bon Se trouver à la comédie ; Car ne pense pas qu’on y rie De maint trait jadis admiré, Et bon in illo tempore. […] Les biographes de La Fontaine rapportent le désappointement tout semblable d’un amphitryon du fabuliste, et l’abbé de Villiers raconte qu’un de ses amis s’était trouvé durant plus de six mois à la même table que l’auteur de Cinna sans s’apercevoir que le Corneille son convive fût le Corneille dont il admirait les ouvrages. […] Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne saurait exprimer, m’ôtent l’usage de la réflexion ; je n’ai plus d’yeux pour ses défauts, il m’en reste seulement pour ce qu’elle a d’aimable : n’est-ce pas là le dernier point de la folie, et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connaître ma faiblesse, sans en pouvoir triompher ? […] Retrouvant dans le sonnet d’Oronte ce qu’ils admiraient dans les poésies de leurs auteurs les plus à la mode, les antithèses et les traits brillantés, et prenant encore en cette circonstance Philinte pour l’organe de l’auteur, les spectateurs s’empressèrent d’applaudir comme lui au chantre de Philis, et témoignèrent par leurs bravos qu’ils trouvaient que La chute en est jolie, amoureuse, admirable.