Admirez le misanthrope, dit Fabre ; on n’est misanthrope que par amour de la vertu, et quand on aime la vertu on est stoïcien, sensible et toujours en train de sacrifier ses biens et sa vie à n’importe qui. […] Autant vaudrait dire que le public admire Tartuffe, que Tartuffe a l’intérêt, que Tartuffe est applaudi et que Tartuffe est l’honnête homme de la pièce, parce que le public rit d’Orgon. […] Il est parfaitement exact que Molière ne cherche pas autre chose ici qu’à ridiculiser un pauvre homme qui n’a pas grand’chose à se reprocher et qu’à faire admirer l’adresse et l’esprit d’invention d’une aimable femme adultère ; et par conséquent George Dandin est une assez mauvaise action. […] On le voit enfin sous les haillons du « pauvre » de Don Juan, et le pauvre de Don Juan est héroïque ; mais ici Molière n’a pas allumé sa lanterne et il est bien difficile de démêler s’il a présenté son pauvre pour faire admirer son héroïsme ou pour démontrer à quel point son héroïsme est stupide. […] II faut donc que la jeune fille soit musicienne, chanteuse et danseuse dans la mesure où elle pourra plaire à son mari sans être admirée par les autres.