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128. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il a, ce Molière, toute l’honnêteté bourgeoise, toute la probité, toute l’humeur laborieuse de sa famille ; il a la science, la mesure, le goût du beau, l’amour du bien, la soif inassouvie du bonheur, le courage dans la souffrance, il a surtout la pitié, cette vertu suprême, cette vertu des grands cœurs, et l’on ne peut s’empêcher de l’aimer après l’avoir admiré. […] Victor Hugo, qui veut qu’on admire surtout dans Shakespeare ou dans Eschyle en particulier, et dans le génie en général, la monstruosité ? […] C’est à la faveur de ces sortes de compositions que le gros des spectateurs avait pris goût pour l’auteur, et plus de gens vont à la comédie pour rire qu’il n’y en a pour admirer. » Certes. […] — Non, dis-je. — C’est ce que j’admire, Repart-il, de voir qu’Élomire Des farceurs le plus ingénu, Vous puisse être encore inconnu. […] Je tiens d’ailleurs à le répéter en achevant ces rapides études sur un des hommes que notre pays doit le plus admirer : — l’heure est venue où la France, condamnée à répudier pour un moment la force, ou du moins à la chercher dans les triomphes intellectuels, doit puiser dans ces souvenirs de gloire littéraire une nouvelle conscience de sa valeur, de sa puissance morale, de son rôle, et une espérance nouvelle dans son avenir.

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