/ 171
102. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Ses Pièces représentées sur tant de théâtres, traduites en tant de langues, le feront admirer autant de siècles que la Scène durera. […] On va la voir en foule ; tout le monde l’admire ; tout le monde en est surpris, et peu de personnes pouvaient deviner l’artifice de cet instrument. […] Le bruit de cette épinette alla jusqu’au Roi ; Sa Majesté voulut la voir, et en admira l’invention. […] Molière ne laissait point languir le Public sans nouveauté ; toujours heureux dans le choix de ses caractères, il avait travaillé sur celui du Misanthrope ; il le donna au Public : Mais il sentit dès la première représentation que le peuple de Paris voulait plus rire qu’admirer ; et que pour vingt personnes qui sont susceptibles de sentir des traits délicats et élevés, il y en a cent qui les rebutent faute de les connaître. […] Et si j’ose me prévaloir d’une occasion si peu considérable par rapport au Roi, on ne peut trop admirer son heureux discernement, qui n’a jamais manqué la justesse dans les petites occasions, comme dans les grands événements.

/ 171